La neige et le vin chaud !

Ce ne fut pas le petit espace enneigé qui servait de chemin pour se rendre vers la ville qui gênait outre mesure mais, le vent glacial qui de temps à autres s'amusait à ce faufiler à l'intérieur de l'épais manteau que la jeune femme, Alwine, tentait tant bien que mal à fermer. Le noir intense de la nuit ne l'aidait pas non plus, la rendant presque aveugle. Seule la lune, magnifiquement pleine en cette fraiche nuit, reflétait sur la poudreuse l'illuminant un tant soit peu. Ce n'était pas suffisant pour que la jeune femme puisse parfaitement voir. Elle s'arrêta un cours un instant, prit à deux mains son bâton qui lui servait de canne et murmura des paroles presque inaudibles pour un humain. Pourtant, on peut entendre ces quelques mots "Holy Clown". C'est alors que son bâton s'illumina, une brise quelque peu forte fit envoler son manteau à quelques mètres d'elle et qu'une petite boule de lumière, faible sur le moment, sortie de l'extrémité du bâton.
La jeune femme reprit, comme si rien ne s'était produit, son bâton dans sa main droite. Se tenant à nouveau contre comme si elle boitait, Alwine alla récupérer son manteau qui gisait gracieusement sur la poudreuse. La petite boule de lumière la suivie devenant au dur et à mesure plus lumineuse. Parlant à voix basse à cette mystérieuse boule, cette dernière prit soin de commencer la marche tout en éclairant le sol. La jeune femme voyait à nouveau comme s'il faisait jour. Elle continua sa route parsemée de neige.

Son souffle chaud percuta le froid du continent formant une sorte de vapeur qui semblait se cristalliser. La petite boule de lumière s'agitait de plus en plus, voletant à droite puis à gauche, répétant sans cesse ces petits mouvements. Soudain elle alla s'agiter près de la jeune femme, de haut en bas, de droite à gauche, on pouvait croire qu'elle vibrait, comme si elle voulait montrer quelque chose d'important à la jeune femme qui ne quittait pas des yeux le sol afin de ne pas glisser. Remarquant que la petite boule s'agitait nerveusement, Alwine quitta quelques secondes les yeux du sol. On ne pouvait pas considérer cela comme de la joie mais plutôt comme un réconfort. Elle était enfin arrivée à Koori. Auberges à chaudes températures, petits plats et verres de vin, lits douillets et bains chauds l'attendaient à quelques mètres désormais.

"Je suis désolée Holy... Mais tu dois rentrer maintenant. Merci de ton aide."

Entendant ces mots, la petite boule prénommée "Holy", s'agitait de plus en plus. Elle passa par-dessus la tête de la jeune femme, sous son manteau, près de ses oreilles mais en vint. La jeune femme reprit en mains son bâton et tapota doucement sur le petit être lumineux et celui-ci disparu en un instant. Alwine de son côté se remit en marche avec ses faux airs de boiteuse. Elle se dirigea vers les lumières de la ville qui l'attiraient, comme une lampe attirant un insecte.
Elle ne manquait pas de trébucher à plusieurs reprises mais se fut avec un soulagement intense, que la jeune femme franchissait les premiers centimètres de Koori. Le froid était le même seul le vent semblait avoir disparu, sans doute les bâtisses qui entouraient la ville, la protégeait du vent glacial. La ville était belle à voir. La neige s'était déposée sur les toits des bâtiments, sur les rebords des fenêtres. Ceci lui fit penser à une phrase qu'elle avait entendu avant d'arriver sur le continent : "La neige éternelle". C'était donc à cela que ressemblait la capitale du continent Fubuki. Une ville où la neige ne fondait jamais, ou presque.

Alwine, se dirigea sans savoir où se rendre dans les rues de la ville. Elle alla à droite puis à gauche, contourna une sorte de fontaine gelée, qu'elle drôle d'idée que d'installer une fontaine avec un temps pareil puis, trouva enfin l'objet de ses désirs. Ou plutôt le bâtiment de ses envies. Sur la porte, qui semblait épaisse et bien lourde, un petit écriteau trônait au centre. "Auberge Eneigée". Le nom était propre au temps de la ville ce qui fit sourire faiblement la jeune prêtresse.
Elle poussa avec du mal la porte. Une bouffée de chaleur, forte agréable, lui fouetta le visage ce qui la fit trembler un petit moment. Elle entra avec hésitation, découvrant qu'une multitude d'hommes à fortes allures se trouvaient dans cette auberge. Ils criaient, riaient, jouaient aux cartes. Certains, saouls ou non, n'hésitaient pas à peloter les malheureuses serveuses qui leur collaient des gifles méritées. Alwine se dirigea vers une table vide, ou presque. Un homme, sûrement ivre, dormait sur l'une des chaises, grognant de temps à autres. La jeune femme le dévisagea du regard avec une pointe de dégout envers l'ivrogne qui maintenant, bavait.
Telle une lady, Alwine retira son manteau le posant sur le bord de sa chaise avant de s'asseoir et d'appeler l'une des charmante serveuse de l'auberge.

"KYAAAAAAH ! Je suis enfin sorti de ce trou à rat ! Mais c'est inhumain de laisser un homme aussi mignon que moi étouffer dans ce truc qui chmoutte la femelle !"

Kamikaze était sorti en roulant sur la table. Le petit être ne mesurait pas plus de vingt centimètres qu'il gueulait aussi fort qu'un des matelots présents. Alwine n'hésita pas une seconde. Elle attrapa la choppe vide de son voisin puis écrasa Kamikaze avec. Le petit être n'eut pas un instant de répit, pas une seule chance de pouvoir s'échapper.

"Crétin, fermes là !" Alwine pouffa un long soupire, les bras croisés en jetant un regard mauvais à son invocation.
"Mais... Mais... Qu'est-ce que j'ai fait encoooreuh ? Vraiment Patronne vous êtes sadique avec moi ! Je vais me plaindre à l'ADIM [Association Des Invocations Maltraités] ! De toute façon je ne vous ai jamais aim..."

PAF ! Une nouvelle fois, la prêtresse écrasa Kamikaze avec la choppe vide, ce qui fut pour effet de faire taire le petit être bavard.
Ce dernier resta tranquille un petit moment ou presque. Curieux, il était près du type endormi, jouant avec les lèvres et le nez du soûlard comme s'il s'agissait d'un vulgaire jouet.
Suite à un nouveau rappel de la jeune prêtresse, une serveuse vint enfin à sa rencontre. Alwine fut claire, nette et précise.
Un bol de soupe, un verre de vin chaud ainsi qu'un verre de lait avec une paille. Sans oublier la petite formule de politesse. La serveuse revint dix petites minutes après la commande. Un bol de soupe ainsi qu'un vin chaud pour madame et le verre de lait accompagné d'une paille pour le lutin. Kamikaze sauta sur la paille tel un lion affamé, engloutissant à grande gorgée le lait. Alwine de son côté, demanda une nouvelle chose à la jeune serveuse qui semblait se sentir mal à l'aise.

"Excusez-moi une nouvelle fois mais, elle déplia un avis de recherche, avez-vous vue cette personne ?"

La serveuse fit un non de la tête. Elle se dépêcha de retourner au bar afin de ne plus se faire peloter par les ivrogne de l'auberge. Apparemment tous, ou presque, semblaient ne pas tenir le vin chaud.

La serveuse partie, la jeune femme observa un petit moment le portrait dessiner sur le parchemin. La personne figurée dessus ressemblait pour tout trait à un jeune homme, dans les 15 à 19 ans, peut être. Enfin, un homme... physiquement oui mais la jeune prêtresse savait pertinemment qui était cet enfant. Se rendant compte qu'elle était submergée de souvenirs plutôt douloureux, Alwine replia le parchemin, découvrant qu'une tiers personne vint à s'asseoir à sa table.

À première vue il ne semblait pas être un gêneur, ni même un quelconque bandit qui tenterait sans doute de jouer de la naïveté de la jeune femme. Alwine le dévisagea partiellement, ne découvrant rien d'anormal ou presque.

"Bonsoir, répondit-elle à son nouvel interlocuteur. Ne vous inquiétez pas, prenez place je vous en pris. Il est vrai qu'il s'agit de la seule table encore libre ou presque. Elle lui fit un signe de la tête en direction de l'ivrogne qui commençait à ronfler. Rangeant l'avis de recherche dans sa sacoche, elle commença les présentations par courtoisie. Je me prénomme Alwine, prêtresse de... Prêtresse, qui aide toute personne dans le besoin... Et voici Kamikaze."

L'invocation continuait à aspirer les quelques gouttes encore restantes de son verre de lait. Frustré de ne plus avoir le liquide blanchâtre qu'il aime tant, il commença à mâchouiller de rage le bout de sa paille. Son vocabulaire fut des plus grossiers.

"Chalut, Mec !"
"Je suis désolée de son impolitesse... Je n'ai pas encore réussi à totalement purifier cet être."

La jeune femme jeta de nouveaux regards noir à son invocation. Celui-ci, de peur de recevoir une nouvelle fois la choppe vide sur sa tête, bascula sur le côté se cognant contre le soûlard qui dormait toujours. Amusé de ne voir aucune réaction de la part de l'homme, Kamikaze eu la machiavélique idée de jouer avec lui, rentrant l'extrémité de sa paille dans le nez de l'ivrogne et soufflant dedans.
Alwine, prise de colère voulut renverser la choppe sur l'être, mais elle en fut incapable. Comme paralysée, elle arrêta son geste. Un regard térrifié, la bouche entre-ouverte, elle comprit ce qu'il se passait. Soudain, un autre homme vint à s'asseoir à leur table.
Alwine ne le regarda pas.
Alwine ne lui parla pas.
Alwine reposa le verre.
Alwine avait des doutes.

*Serait-ce... Non ! Impossible ! Ils ne restent pas dans un endroit aussi peuplé. Ils approchent que lorsqu'ils sont seuls. Mais alors... Pourquoi ? Pourquoi est-il... Non je divague, ce n'est pas possible. Ils sont... Ont-ils évolués ? Peuvent-ils se mêler et ainsi mieux nous attaquer ? Non ! C'est absurde ! Il ne peut être...*

Elle leva légèrement le nez, coupant ses pensées elle observait le nouveau venu. à vrai dire, elle ne faisait plus attention à la charmante compagnie de l'autre homme qui, lui, avait eu la politesse de communiquer. Comme envoûtée, elle ne quitta plus des yeux cet homme qui dégageait une aura dangeureuse mais à la fois séduisante.
La jeune prêtresse n'était pas exorciste pour rien. Depuis qu'elle pratiquait la magie blanche, elle avait apprit à sentir la présence de démon quel qu'il soit. Pourtant, ses sens étaient brouillés, comme si quelque chose ou quelqu'un l'empêchait de découvrir ce qu'elle voulait savoir.
Au même moment où elle voulut parler, un troisième homme venait à s'asseoir à sa table. Décidément. Elle qui voulait ne pas attirer l'attention en voulant être seule, c'était raté. Redevenant "normale" elle salua poliment le nouveau venu.

"Bonsoir. Je comprends tout à fait, disait-elle comme pour rassurer le jeune homme que ce n'était pas de sa faute et qu'aucun mal n'a été commit. Je vous en pris, installez-vous."

Elle ne se présenta pas cette fois-ci. Voulant sans doute préserver son identité auprès de celui qu'elle pensait nocif. Pourtant, le petit être contourna le désir non exprimé de sa maîtresse. Il se dirigea vers le jeune homme, s'adossant contre lui, prenant un faux air d'homme sérieux et à la fois mystérieux, ce qui agaçait Alwine.

"Chalut p'tit gars ! Disait-il en mâchouillant encore sa paille. T'es chur que tu ne veux rien ? Perchonnellement je te concheils un verre de lait... ou deux chi tu veux. Faisant une allusion à une demande, Kamikaze s'empressa de continuer à parler pour éviter que le jeune homme comprenne la feinte. Moi ch'est Kamikaze. Bourreau des coeurs et membre de l'ADIM. Et chelle là, il fit un signe de la tête en direction de la prêtresse, ch'est Alwine, ma chervante la plus dévou..."

SBAF ! Par un geste nerveusement colérique, la jeune femme fit son plus beau coup de poing envers son invocation qui roula comme une bille vers l'homme mystérieux.


[HRP : Ne t'inquiètes pas Van, nous ne t'en voulons pas ^^ ça viendra avec le temps ! =) ]

"À votre santé, Monsieur Rek."

Prenant une autre gorgée de son vin, le liquide chaud lui réchauffa l'intérieur de sa gorge pour ensuite ce faufiler dans son estomac lui provoquant un léger frisson, tout en souriant au vieillard qui ne s'était pas gêné pour boire, Alwine évita de regarder l'homme qu'elle soupçonnait d'être un partisan du mal. Non pas un démon comme ceux, qu'elle avait l'habitude d'attraper ou de combattre, mais il y avait cette "chose" en elle qui lui disait de faire attention. Tout était là pour le lui donner cette impression : Une aura malsaine, une soif incessante... Mais ce dernier, ne semblait pas s'attarder sur les occupants de l'établissement, préférant déguster son vin sans dire un mot depuis son arrivée. Alwine frissonna. Non pas que l'étranger lui faisait peur, mais son intuition semblait la prévenir de quelque chose, elle devait faire attention. Mais agir dans une taverne où tant de personnes s'y trouvaient serait fort gênant pour l'exorciste qui aimait le faire sans désagrément. Elle tentait de se tenir tout simplement à carreaux, attendant patiemment une occasion ou que l'homme ne s'en prenne à quelqu'un. Après, son intuition n'était pas fiable à 100 %.
Confortablement installée, jambe par-dessus l'autre, buvant par petite gorgée son vin afin de le déguster pleinement, elle se contentait d'observer de ses yeux froids la scène.

Son compagnon d'infortune, Kamikaze, retournait auprès du plus jeune. Alwine n'y prêtant aucune attention, laissa faire son invocation qui a son plus grand plaisir tenta d'escroquer une nouvelle fois le jeune homme avec ses belles paroles. Il s'adossât sur le bras de l'homme, mâchouillant encore sa paille.

"Hey ! P'tit gars... T'es chûr que tu veux pas de lait ? Ch'est bon du lait en pluch. Churtout quand on en boit avec un ami comme moi ! Ch'tu veux ch't'appelle une des cherveuses. Non ? T'es chûr ? Aller mec ! Ch'tassure, ch'est trop bon le lait ! Oooh... Hey ! Tu t'en vas ? Attends, attends... Ch'te paye le verre chi tu veux."

Malgré son baratin, Kamikaze n'eu pour effet que de faire fuir le jeune homme. Ce dernier se leva en s'excusant auprès des trois autres personnes puis s'éloigna de la table et se mouvant dans la foule. Alwine le regarda partir sans le saluer. Après tout il n'était pas une perte pour la jeune femme qui ne le connaissait ni d'eve ni avant. Elle but une gorgée de son vin chaud. Puis, se racla silencieusement la gorge, se tourna vers la plus vieille personne de la table, lui offrant l'un de ses rares sourires.

"Alors, Monsieur Rek, que nous vaut votre visite en cette glaciale mais si belle ville, qu'est Koori ? Oh ! Mais je crois savoir, disait-elle en faisant mine de chuchoter. Des rumeurs circulent et racontent que l'une de ses plumes se cacherait dans ce continent. Êtes -vous l'un de ses braves aventuriers qui les cherchent ?"

Posant la même question que Rek avait posé il y a peu, la jeune prêtresse cherchait à savoir si oui ou non une plume était vraiment dans ce continent. Si la réponse était positive, "il" serait sûrement ici à la chercher...
Alwine était devenue une chasseuse de prime juste pour l'obtention du titre. Les brigands et autres personnages cherchant ces maudites plumes, elle s'en fichait éperdument, les laissant plutôt se fatiguer à les trouver plutôt qu'à perdre son temps à les arrêter alors que chasser le mal en cette terre était déjà bien assez contraignant pour elle. Après tout, sa véritable cible était "Lui". Par ce simple fait, la jeune femme ne se considérait pas vraiment comme une chasseuse.
Essayant de rester la plus aimable et serviable possible, elle souriait toujours au petit vieux qui, elle espérait, allait lui répondre sincèrement ce qui pourrait l'aider dans sa recherche.


*Tu sembles assez puissante pour sentir ce que je suis, mais tu es trop jeune de plusieurs siècles pour lire en moi QUI je suis !*

Sa main se crispa sur son verre de vin maintenant à moitié vide. Elle ne voulait pas trahir sa peur lorsqu'elle avait entendu cette voix, ne voulant dissiper son sourire qu'elle réservait à Rek. Le plus normalement du monde, elle se tourna face au télépathe, le fixant de ses yeux plus froid que jamais, toujours son sourire en coin de bouche puis, but une nouvelle gorgée. Elle ne le quitta pas des yeux. Pouvait-il lire dans ses pensées ? Alwine ne pensa pas. Elle plongea son regard droit dans le sien, comme pour un signe de défi. Savait-il qui elle était ou ce dont elle pouvait faire ? La jeune femme avait une petite idée sur la façon dont elle allait le lui faire comprendre.